vendredi 23 juillet 2010

Témoignages de première main (1)

Dans sa "Notice sur la paroisse de Lababan", le chanoine Pérennès a reproduit des lettres extraites des archives diocésaines de Quimper et qui remontent aux toutes premières années après la mort de l'abbé Riou. La plus ancienne date du 6 décembre 1797. Elle a été envoyé au vicaire général du diocèse de Quimper par un prêtre exilé en Espagne.

« Vous désirez quelques détails sur la mort de M. Riou, Recteur de Lababan ; il fut trahi par Coroller, intrus de Landudec, qui se trouvait même dans la compagnie des scélérats qui l’arrêtèrent dans un village, sur les confins de la paroisse, du côté de Landudec. Ce village, dont j’ignore le nom, appartient à Mlle Rannou, de Quimper.

« Un mois et demi auparavant, je l’avais vu dans un village de Saint-Germain-Plogastel, où il était très bien caché depuis sept semaines, mais dans une triste position. Il me dit qu’il n’était resté en France que pour être utile à ses paroissiens, et qu’il prenait en conséquence le parti d’aller joindre ses brebis. Bientôt après, il fut arrêté par les patriotes de Pont-Croix et conduit à Quimper. On le mena au tribunal. Le premier juge, Kerincuff, lui demanda s’il avait fait ses fonctions. Il répondit que oui, qu’il n’y avait manqué que lorsqu’il était dans l’impossibilité de les remplir, et qu’il croyait que le Juge suprême ne le condamnerait pas pour avoir fait son devoir. On dit que le juge l’engagea à dire qu’il avait 60 ans. A cela, il répondit qu’il ne les avait pas, et que tout cela lui signifiait qu’à ce moment, pour se sauver en France, il fallait être un coquin ou un trompeur. Quand on lui lut la sentence, il rendit grâce à Dieu, disant : « Depuis longtemps, j’ai été gêné pour trouver un logement, j’espère que le bon Dieu m’en donnera un bon pour l’éternité ». A l’heure de sa mort, il a montré autant de courage qu’à son interrogatoire. »

Dans une seconde lettre, datée du 31 Décembre 1797, le même témoin ajoute :

« L’homme chez qui fut arrêté le Recteur de Lababan [Jean Gouletquer] fut condamné à la déportation ; mais heureusement qu’il se trouvait encore dans les prisons de Lorient, à la mort de Robespierre. Sur ces entrefaites, j’eus occasion d’aller à Quimper. J’intéressai un citoyen en faveur de ce malheureux ; il fit une pétition que je fis passer à la paroisse de cet homme, où elle fut signée de tous ceux qui savent écrire ; je la remis à ce citoyen charitable et, trois semaines après, ce pauvre malheureux était dans sa famille. »

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