dimanche 19 septembre 2010

Témoignages de première main (2)

Dans sa "Notice sur la paroisse de Lababan", le chanoine Pérennès a reproduit des lettres extraites des archives diocésaines de Quimper et qui remontent aux toutes premières années après la mort de l'abbé Riou. Nous avons déjà publié le plus anciens de ces témoignages manuscrits, daté de décembre 1797. En janvier 1798, MM. Alain Le Floch et Codu, apportaient eux aussi, depuis l'Espagne où ils étaient déportés, leur témoignage.

« M. Riou fut découvert par un enfant qui, depuis quinze jours, venait à son catéchisme, et qui allait auparavant à celui de l’intrus Coroller. L’enfant fut, un jour, rencontré par ce malheureux, qui lui demanda pourquoi il ne venait plus à son catéchisme. Cet enfant répondit, sans déguisement et sans doute sans malice, que, dans tel village, un vieux prêtre ou un homme âgé, j’ignore les termes de l’enfant, faisait catéchisme, et qu’il y allait tous les jours. L’intrus, sachant qui était ce catéchiste, fut directement à Pont-Croix et amena des gendarmes qui, en arrivant, firent une espèce de fouille sans trouver personne. L’intrus, qui, dit-on, se trouvait dehors, comme un lion rugissant prêt à s’élancer sur sa proie, rentra avec les gendarmes, découvrit et livra, lui-même, celui qu’il voulait sacrifier à son ressentiment contre la religion et ses ministres.

« M. Riou fut conduit à Quimper et mis dans une prison, où se trouvait Mlle de St Luc, dame de la Retraite, qu’il confessa une heure avant d’aller à la mort. Cette dame fut depuis guillotinée avec son père, sa mère, une demoiselle de Trémaria et le cadet des St Alouarn. »

« M. Riou, avant d’être interrogé, fut prévenu, dit-on, qu’on le sauverait s’il voulait déclarer avoir 60 ans, ou n’avoir pas connaissance de la loi. Il répondit, comme un autre Eléazar, qu’il n’avait pas 60 ans, et qu’il ne voulait pas sauver sa vie par un mensonge. Il donna encore d’autres réponses dignes d’admiration, qui arrachèrent des larmes même à ses juges.

« Le jour où il devait mourir, il fit inviter M. Coz, recteur de Châteaulin, et M. Bourbria, recteur de Mescloaguen, à dîner avec lui. Au refus de ces messieurs, M. Riou s’écria : « Ah ! c’était peut-être la dernière grâce que Dieu leur accordait ». En effet, M. Bourbria est mort dans le schisme, et M. Coz y persévère. »