jeudi 11 novembre 2010

Une guérison inexpliquée

La figure de Jean-Etienne Riou a suscité une dévotion à Lababan et aux alentours, qui est demeurée très vivace jusqu'au XXème siècle (à notre connaissance, il n'y a plus beaucoup de chrétiens qui viennent aujourd'hui se confier à son intercession). En 1930, M. Quiniou exposait dans les colonnes du Bulletin diocésain un cas de guérison inexpliquée, qui aurait pu fournir matière à un éventuel procès en béatification :

Sur la fin d’avril 1929, M. Andro, recteur de Lababan, nous écrivit pour nous signaler un fait intéressant la cause de béatification de M. Riou. Il s’agissait d’une guérison, ou du moins d’une amélioration sensible, dans l’état d’un malade, due à une neuvaine faite au glorieux Confesseur de la foi.

Depuis 1921, Mathieu Le Henaff, du village de Kéruguel en Lababan, souffrait d’emphysème pulmonaire avec bronchite chronique. Au cours d’une poussée aiguë de cette affection, comme le relate le certificat médical ci-dessous, était survenu un pneumothorax spontané bilatéral, qui mit en danger la vie du malade.

Le recteur appelé à son chevet crut prudent de lui administrer l’Extrême-Onction, le mercredi des Cendres, 13 Février. C’est alors que les parents, les voisins et le malade lui-même commencèrent une neuvaine de prières en l’honneur de M. Riou. Tous les soirs, les gens du village qui comprend une vingtaine de feux arrivaient à la maison du malade pour prendre part à cette neuvaine. La femme de Mathieu Le Henaff se rendait chaque jour aussi au cimetière pour prier sur la tombe de M. Riou.

Le 1er dimanche du Carême, un mieux sensible se produisit dans l’état du malade. Tout danger avait disparu. La toux et l’oppression avaient brusquement cessé. Depuis, le malade semble revenir à la santé. « Si l’hiver prochain, déclare-t-il, je n’ai plus de toux, c’est que M. Riou m’a guéri. » L’avenir dira donc si réellement c’est là un cas de guérison dû à l’intercession du héros de la foi.

Le Docteur Cloître, de Plogastel-Saint-Germain, appelé de nouveau près du malade, déclare que d’après les prévisions humaines, il n’y avait pas d’espoir de guérison pour Le Henaff, et qu’il ne comprenait rien à cette amélioration survenue si brusquement dans l’état de son malade. Voici les certificats des deux médecins qui ont soigné Mathieu Le Henaff.

Certificat du Docteur Cloître. — Je soussigné, docteur en médecine, certifie avoir donné mes soins à plusieurs reprises depuis 1921 à Le Henaff Mathieu, de Kéruguel en Lababan-Pouldreuzic, pour emphysème pulmonaire et bronchite chronique. Au cours d’une poussée aiguë de cette affection en février 1929, est survenu un pneumothorax spontané bilatéral qui a mis en danger la vie du malade. Le présent certificat est délivré à titre de renseignement administratif — le 9-3-29 ».
Certifié conforme à l’original.

Certificat du docteur Penther de Quimper. — « Je soussigné, docteur Penther, médecin spécialiste des dispensaires du Finistere, certifie avoir donné mes soins à M. Mathieu Le Henaff, de Kéruguel en Lababan-Pouldreuzic, qui présentait un pneumothorax spontané bilatéral. Le 7-3-29 ».
Certifié conforme à l’original.

Source : F. Quiniou, « Tradition au sujet de M. Jean-Etienne Riou », Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie, Diocèse de Quimper, 1929, p. 11-18.

Compléments : Matthieu Le Hénaff, qui avait 36 ans en 1929, a survécu à sa maladie plus de dix ans. Il est décédé en novembre 1942, à l'âge de 49 ans. Dans sa famille, on garde le souvenir qu'il a été atteint d'une maladie très grave, mais non la mémoire de ce que sa guérison aurait pu être due à l'intercession de l'abbé Riou. Affaire classée sans suite, donc.

La photo provient du magnifique Atlas des Croix et Calvaires du Finistère et représente le calavaire de Craos-Vao, à Keruguel, à quelques dizaines de mètres de la ferme où résidait Mathieu Le Hénaff.

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