S’il fallait citer toutes les personnes de Lababan qui ont appris de leurs traditions familiales que leur ancien recteur est mort martyr de la foi, il faudrait en appeler au témoignage de toutes les familles originaires de la paroisse.

Pierre Le Borgne, âgé de 79 ans, du village de Kerlévy, dont le grand-père et autres ascendants ont été sacristains de Lababan pendant cent cinquante ans, affirme avoir appris de ses parents que la tombe de M. Riou est depuis longtemps en vénération dans la paroisse. Il n’a cependant pas pu nous certifier à quelle date les mères de famille ont commencé à y venir en pèlerinage avec leurs enfants malades.
[Marie-Louise] Hénaff [...], demeurant tout près de l’église, indiquait la tombe de M. Riou aux femmes des autres paroisses qui venaient y prier pour obtenir la guérison de leurs petits enfants. Elle a été souvent témoin de ces scènes et déclare que plusieurs enfants ressentaient un mieux sensible dès qu’on les avait déposés sur la tombe.
Quelques-uns pouvaient marcher d’eux-mêmes sur la pierre tombale, eux qui, auparavant, ne tenaient pas sur leurs jambes. Nous avons demandé à cette personne pourquoi l’on venait parfois de si loin, par exemple de Pluguffan, Pouldergat, Plonéis, Gourlizon, Plogastel-Saint-Germain, etc, déposer les enfants sur la tombe de M. Riou. Elle nous a répondu que M. Riou avait la réputation d’un saint, ayant été mis à mort pour la foi.
Nous lui avons objecté que peut-être cette tombe ne contenait pas les reliques de M. Riou. « Tout le monde le croit cependant », nous fut-il répondu. En tout cas, c’est lui qu’on invoque.
Source : F. Quiniou, « Tradition au sujet de M. Jean-Etienne Riou », Bulletin diocésain d’histoire et d’archéologie, Diocèse de Quimper, 1929, p. 11-18.